Hué – Jour 2

Après un premier jour éminemment culturel et pédestre, place à l’action, la vraie : les quadriceps sont parler !

Empereurs versus Petite Reine

Et voici l’étape que l’Ours a de suite repéré en parcourant le guide, et la Grenouille de suite approuvé ! Étape, oui, c’est le cas de le dire ! Car aux feu monarques locaux nous allons opposer notre Petite Reine dans une partie d’échecs non monochrome (eh oui, j’ai osé : les blancs contre les jaunes) s’annonçant plus sportive que réfléchie… mais laissez-moi vous éclaircir tout cela !

Jadis, la dynastie des Nguyen a régné près de 150 ans sur le pays. Le nom bien cliché, ça sonne encore comme une vanne de ma part, mais même pas. Toujours est-il, les Nguyen c’est 13 pèlerins successifs au pouvoir entre 1802 et 1945. Mégalos héréditaires, chacun se fait bâtir son tombeau totalement disproportionné afin d’y reposer peinard post trépas. Et sur les deniers publics bien sûr, parfois augmentés pour l’occasion, ce qui ne manquait pas de plaire à la plèbe… De quoi renvoyer un De Rugy et ses homards à ses études (alternative générationnelle : un Roland Dumas et ses chaussures?) ! Il résulte en tout cas de cette folie des grandeurs une série d’édifices hors de la ville et du commun. Tous les guides papiers plébiscitent un parcours “tombeau à tombeau” en bateau le long de la rivière de Parfums, voire en moto avec les Sons of Anarchy riders… Mais pour nous, point de bucolique ni de camaraderie : nous optons pour l’autonomie et le vélo !

Extrait de notre “vrai” carnet de voyage : le parcours en biclou fait une trentaine de km au total !

Et même si l’on aime souffrir, ce sera tout de même une petite épreuve… Environ 33° d’une température chaude et humide, tombeau le plus éloigné à 10 km, mulets hollandais mono-vitesses (fournis par l’hôtel), WD40 considéré comme une invention diabolique… Toutes les conditions sont réunies pour se remettre en selle avec plaisir !

Allez, on est partis…

Dès les premiers coups de pédales, on est tout de suite dans notre élément ! Par contre, qui dit autonomie, dit auto-orientation, eh oui… Qui sera poussive il faut bien l’avouer, à coup de GPS batterievore et 3G onéreuse car hors forfait sur le mobile (de mémoire 40€ hors des clous avant de couper et d’y aller au doigt mouillé dans le vent). Mais soit, nous arrivons au premier tombeau et, surprise : tombeau fermé car en restauration ! Ça commence bien… pour le premier des Nguyen, le bien nommé Duc Duc, nous faisons choux blanc et repartons tels des trouducs !

La deuxième étape n’est pas un tombeau : le tertre de Nam Giao est une sorte de place cérémoniale au milieu des pins. Bon, au suivant. Le numéro 3 est bien caché, mais nous finissons par le trouver. L’édifice du dénommé Tu Duc vaut enfin le détour !

Un bref aperçu du tombeau de Tu Duc… Coupez le son !

Le col hors catégorie de l’Au-delà

En partant, nous croisons une clique de riders et leurs touristes embarqués… qu’est-ce qu’on est contents d’être autonomes ! Nous repartons donc avec la banane, jus de coconut aux lèvres. Mais dans toute journée besogneuse survient toujours un moment de doute. Où on se demande ce qu’on fout là, et pourquoi on mouline sous le cagnard ? Eh bien il arrive, ce trou d’air, car à la recherche de notre numéro 4, on se paume piètrement dans la cambrousse et les graviers, et finalement on ne le trouvera pas. Dans la foulée, un choix fort : notre point 6 étant relativement éloigné (10 km), nous décidons de zapper purement et simplement le mausolée de Thieu Tri (numéro 5, vous suivez ?). Un tri sélectif !

D’autant que le mausolée de Minh Mang est annoncé comme le plus grandiose des tombeaux, donc nous filons vers lui. Après une bonne demi-heure à longer la rivière des Parfums, nous atteignons le lieu, cette fois largement indiqué. Nous pensons tout d’abord que l’intérêt se limite à la première photo ci-dessous (tout ça pour ça ?!), mais nous comprenons heureusement vite que l’endroit est structuré en une succession de portes symboliques, matérialisant le chemin vers l’au-delà. On s’est un peu lâché sur les photos, mais honnêtement on était soufflés… et le meilleur moyen de retranscrire cette impression semble être de reparcourir ce chemin.

L’accès à la première porte du Mausolée de Minh Mang…
Puis le chemin vers la deuxième porte…
La toute dernière porte, vue de la deuxième porte ! (vous suivez toujours ?)
Et au bout du chemin, la dernière demeure est close…

Mais déjà il semble temps de revenir de l’au-delà, et de nous en diriger lentement mais sûrement vers Hué. Et cela tombe bien, sur le chemin du retour se trouve notre septième et dernier checkpoint : le tombeau de Khai Dinh. Ce dernier va s’avérer être totalement en rupture avec tous les autres. Son architecture “en escaliers” faisant davantage penser à un temple Maya, avec en sus une décoration intérieure pimpante, et une omniprésence de mosaïques pouvant évoquer du Gaudi. A contrario de ses prédécesseurs, ce dernier Nguyen semble bien avoir été plus exubérant que mégalo…

Non, c’est pas le Yucatan !
Et c’est pas non plus un temple protestant…

Ok, on se met en danseuse pour les derniers coups de pédales. Musettes ouvertes aux aguets, car le ravitaillement final est proche. Nous bouclons donc cette étape du jour avec fierté ! Bilan : 35 km tout de même ! Pas si dégueu, avec le matériel et les conditions sus-mentionnés.

La récompense finale est à la hauteur de l’effort du jour 🙂
Notez le sponsoring bière locale différent d’un jour à l’autre : après la Huda, la Tiger !
Qui a dit que la bise au vainqueur d’étape était une tradition désuète ??
Et voici les maillots jaunes !
(Ok, celle-là était facile, mais finalement inévitable)
Merci de nous avoir lu !

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